Le Nouvel an chinois est la fête la plus importante parmi les célébrations traditionnelles chinoises. Alors qu’en occident on s’accorde une seule journée de festivité, selon la tradition chinoise le Festival du printemps débute le premier jour du premier mois du calendrier lunaire et se termine au quinzième jour, c’est le jour du Festival des lanternes.
- Le zodiaque chinois
Le Nouvel an chinois ou Nouvel an lunaire est appelé en Chine "Fête du printemps" [1]. Le Nouvel an chinois est la fête la plus importante parmi les célébrations traditionnelles chinoises. Alors qu’en occident on s’accorde une seule journée de festivité, selon la tradition chinoise le Festival du printemps débute le premier jour du premier mois du calendrier lunaire et se termine au quinzième jour, c’est le jour du Festival des lanternes.
En Thaïlande
La communauté sino-thaï
Avec la victoire des armées du Siam conduite par le roi Taksin le Grand sur les troupes birmanes en 1767, ce dernier d’origine teochiu [2] favorisa l’immigration chinoise teochiu. Les Teochiu, paysans, négociants, exportateurs de denrées alimentaires (riz, sucre, poivre)... migrèrent en nombre.
Les rois Rama Ier, Rama II et Rama III, poursuivirent cette politique. De la fin du XIXe siècle aux années 30, plus de 90 % du commerce entre le Siam et la Chine transitaient par le port de Shantou.
- Le village où est né le père Taksin, district de Teng Hai, province de Shantou en Chine
Bangkok regroupe la plus importante communauté teochiu au monde et quatre ou cinq syndicats teochiu domineraient le trafic de l’héroïne dans le triangle d’or. Le Teochiu le plus connu de Thaïlande est Chin Sophonpanich (nom chinois Tang Piak Chin, de père teochiu et de mère thaï), fondateur des banques Bangkok Bank et Hong Kong Commercial Bank.
Le trois premiers rois de la dynastie Chakri eurent une politique très favorable vis à vis des Chinois. Nangklao (Rama III, 1821-1851) encouragea la noblesse thaï à s’associer aux grandes familles chinoises. Chulalonkon (Rama V, 1868-1917) incita ses compatriotes à les considérer comme des citoyens thaïlandais. Il encouragea les mariages mixtes et en l’adoption de patronymes thaï.
Cette politique fut toutefois abandonnée par Wachirawut (Rama VI, 1881-1925), dont le ministre de la propagande, Luang Wichitwathakan, appelait "Juifs d’Orient" les Chinois. Des mesures restrictives furent prises à leur égard après 1932 et pendant la dictature du maréchal Phibun (1947-1957) sous prétexte d’un complot communiste, pendant la guerre froide, après le coup d’État de 1976, et les Chinois servirent aussi de boucs émissaires lors de la crise économique de 1997.
Depuis le retour aux patronymes chinois est à la mode et une vingtaine de familles "chinoises" (sino-thaï) contrôlent 80% du commerce et des finances du Royaume. [3]. La Chine est devenue le premier partenaire commercial de Thaïlande, détrônant les États-Unis et le Japon (2012).
Lorsqu’on a demandé à M. Santi Chutindra, le vice-gouverneur de la TAT pour le marketing international pour l’Asie et le Pacifique Sud, si les grandes célébrations chinoises en Thaïlande sont compatibles avec la campagne "kwan pen thai" (thainess) promue par le gouvernement pour souligner la spécificité de la nation thaïlandaise, le sous-gouverneur a rit et répondu :
"La Thaïlande est en fait un mélange de différentes cultures, de l’Inde et de la Chine entre autres. La Thaïlande est en réalité au cœur de l’Indochine, ce qui nous dit d’où nous venons. Et les célébrations chinoises font bien sûr partie de notre ADN et c’est une merveilleuse opportunité pour les non-Chinois du monde entier de profiter d’un événement coloré, profondément enraciné en Thaïlande".
- Nouvel An Chinois
Cet événements est donc beaucoup fêté en Thaïlande par les Sino-thaï, par quelques tribus de Thaïlandais des montagnes comme les Lisu, les communautés d’origines vietnamiennes, les touristes chinois présents dans le royaume. Mais beaucoup d’autres Thaïlandais se joindront à cette célébration après celle du 1er Janvier et avant celle de Songkran le 13 avril...
[1] En chinois "Fête du printemps" s’écrit 春节 en chinois simplifié, 春節 en chinois traditionnel, Chúnjíe en pinyin, วันตรุษจีน (wan trut chin) en thaï
[2] les Teochiu sont liés par un dialecte parlé dans sept districts de Shantou à l’est de la province du Guangdong en Chine.
[3] À ce sujet dans l’article La ’resinisation’ des chinois de Thaïlande, Jean BAFFIE
Sociologue àInstitut de Recherches sur le Sud-Est Asiatique - IRSEA, Centre National de la Recherche Scientifique - CNRS, Université de Provence (Marseille)
"La Thaïlande est aujourd’hui, avec la Birmanie, le principal allié de la Chine en Asie du Sud-Est. En Thaïlande se rendent en grand nombre les touristes chinois et l’on sait que sur les quelque 430 000 Chinois qui visitèrent la Thaïlande pour la seule année 1998, une proportion considérable ne rentra pas et se fondit dans la population locale. Une autre forme de migration chinoise se produit dans le nord de la Thaïlande, comme dans le nord du Laos ou de la Birmanie. Les triades et autres sociétés criminelles chinoises règnent en maître dans ce nouveau secteur du trafic d’êtres humains de Chine vers la Thaïlande, souvent première étape vers l’Occident.
Derrière l’idéologie de l’existence d’une société sino-thaï, l’élite thaïlandaise poursuit un processus de resinisation inimaginable commencé au milieu de la décennie 1980. Cet engouement pour retrouver ses racines s’est même intensifié depuis l’arrivée au pouvoir de M. Thaksin Shinawatra, en janvier 2001. Même l’apprentissage du chinois se popularise assez pour concurrencer les autres langues étrangères apprises traditionnellement. Les mouvements anti-chinois du passé sont oubliés et Bangkok pourrait prétendre au titre de nouvelle capitale de la diaspora chinoise après l’intégration de Hong Kong à la Chine et la relative perte de prestige de Singapour. Occupant traditionnellement la première place dans l’économie thaïlandaise, les Chinois de Thaïlande ont profité de la démocratisation politique (1969, 1975, …) pour pénétrer (et largement contrôler) ce deuxième secteur. Dans cette troisième étape, c’est le secteur culturel (au sens large) qui est concerné."